23 ans, c’est le temps qu’il aura fallu attendre pour avoir des nouvelles d’Abe et pouvoir à nouveau l’incarner. Licence phare de l’époque PlayStation 1, Oddworld n’aura pas su passer les générations et se sera endormi avant de disparaître des radars. Mais quoi de mieux qu’une nouvelle console et un calendrier de sortie désert pour faire un comeback ? C’est donc en avril 2021 que sort Oddworld Soulstorm sur PS4 et PS5. Vrai hommage au jeu de l’époque ou simple profit de la licence ?
Autant ne pas passer par quatre chemin : Oddworld Soulstorm est un véritable hommage à ce qu’étaient les aventures d’Abe à l’époque. Amélioration graphique en prime. Se posant comme un remake, cet épisode reprends toutes les bases de la version PS1 sortie en 1997 tout en changeant le scénario. A la manière de ce qu’ont réalisé Capcom avec les Resident Evil, Oddworld Soulstorm modernise l’histoire, la rend plus intense et plus adaptée tout en conservant le message politique anti-dictatorial du jeu d’origine. Il est toujours question de grosse entreprise, de contrôle des pensées et des modes de consommation avec toujours cette pointe de sarcasme qui faisait le charme à l’époque. Vous incarnez donc à nouveau Abe dans un savant mélange entre plateformer 2D, puzzles et réflexions. Préparez vos nerfs et dégainez votre dextérité car oui : le jeu est injuste.
Comme précisé plus haut, le concept du jeu est simple. Vous incarnez Abe dans divers tableaux en 2D avec toujours le même but : avancer en évitant/tuant les ennemis tout en essayant de sauver le plus de confrères (les Mukodons). Pour ce faire, votre personnage dispose de diverses caractéristiques comme la possibilité de contrôler mentalement les ennemis, d’utiliser le décors à son avantage, de crafter des objets ou encore de rouler et sauter. Si le premier niveau donne le ton avec une vitesse dingue et une mise en scène explosive, le reste s’avère plus posé et vous demandera constamment de réfléchir à la bonne stratégie à adopter. 2021 oblige, Abe dispose désormais d’une maniabilité beaucoup plus souple qu’à l’époque et la sensation de contrôler un char n’est plus d’actualité.
La prise en main est intuitive, le personnage réponds bien et les diverses actions (nombreuses par ailleurs) s’enchaînent facilement et on comprends rapidement les tenants et aboutissants du gameplay. Sûrement dans un soucis de respect de l’oeuvre originale, Soulstorm comprends les mêmes défauts en pire : la difficulté. En effet, dès le deuxième niveau le challenge se fait directement ressentir et y va crescendo. Le problème n’étant pas la difficulté des tableaux en soi mais l’aspect die & retry du titre. Il est tout simplement impossible de passer certains moments sans mourir.
Basé sur l’infiltration, le gameplay est beaucoup trop punitif et l’IA oscille entre l’omniscient et le ridicule. Certains ennemis parviennent presque à tirer à travers les murs et à vous voir à 20km tandis que d’autres n’auront pas conscience de votre présence à 2cm en-dessous. Comme tout bon jeu de l’époque, leur mécanique est basé sur un système de ronde qui peut parfois dérailler et n’avoir aucun sens, au risque d’énerver concrètement le joueur. Néanmoins, dans l’ensemble le jeu est une belle amélioration de ce qu’il était à l’époque et ne devrait pas décevoir ceux qui ont découvert le titre à l’époque mais devrait tout de même rebuter les novices du genre.
L’autre particularité d’Oddworld repose évidemment sur la gestion des Mudokons. Amis d’Abe, ces derniers seront cruciaux dans votre aventure, ne serait-ce que par la gestion du “quarma” qui changera votre fin en fonction du nombre de créatures que vous sauverez. Car oui, les Mudokons sont (toujours aussi) idiots et mettront vos nerfs à rude épreuve si vous comptez les sauver. Le coeur du jeu repose évidemment sur votre capacité à réagir de manière efficace et intelligente pour éviter de voir vos camarades se faire fusiller à tour de rôles. Et dieu sait qu’il sont nombreux et pas doués.
S’il n’est pas nécessaire de tous les sauver, il vous faudra quand même constamment garder un oeil sur leur jauge et leur localisation pour leur éviter une mort atroce. C’était à l’époque l’une des forces et faiblesses du jeu et en 2021, ça n’a pas changé. Si leur présence ajoute une saveur particulièrement intéressante au titre, ils peuvent également devenir une source de frustration totale quand ces derniers décident de fuir d’un casier sous les yeux de l’ennemi ou de courir directement dans la direction d’un sniper. Prudence est mère de sûreté mais ça, les Mukodons ne l’ont pas compris en 23 ans.
Etant la première grosse exclusivité PS5 de 2021, Oddworld rempli le cahier des charges à la perfection. A l’époque le jeu était déjà une petite pépite graphique mais surtout artistique et de ce point de vue-là, rassurez-vous : c’est toujours aussi bon. Qu’il s’agisse de cinématiques ou de phases ingame, Soulstorm est un jeu sublime avec des effets de lumières et de particules réellement agréables pour les yeux. Les 15 niveaux proposés par le titre sont variés et en plus d’êtres jolis et inspirés, ils s’offrent également le luxe d’être fluides avec un framerate à 60fps constant. Néanmoins, on regrettera une utilisation sommaire de la Dualsense de chez Sony. Si les pas se font sentir et les explosions également, on est loin du rendu d’un Astro’s Playroom ou même d’un Spiderman Miles Morales. Un peu dommage quand on sait que le jeu est littéralement développé pour la PS5.
Au final, Oddworld Soulstorm est un jeu de 1997 relifté à la sauce next-gen. S’il bénéficie d’une réalisation somptueuses et d’un gameplay modernisé, il garde néanmoins les défauts inhérents aux jeux de cette époque. Entre l’IA qui peut rendre fou de par sa débilité totale ou encore la difficulté globale mal équilibré, le jeu passe du meilleur au pire en fonction des phases et des niveaux. Malgré tout, on ne peut pas le considérer comme un mauvais jeu. La promesse d’incarner à nouveau Abe est tenue avec un jeu toujours aussi drôle, satirique et sarcastique avec des petites features de gameplay qui font toujours mouche. Si vous avez connu le titre à l’époque il n’y a aucun doute : vous allez adorer. Pour les autres, Oddworld Soulstorm exige une patience et une prise de recul à laquelle on n’est plus forcément habitués en 2021.
Sylar, 28 ans et fondateur de BreakingGame. J'écris sur la toile depuis ma jeunesse et je suis évidemment passionné de jeux vidéo. J'aime les œuvres poétiques, conceptuelles qui me permettent de voyager et de m'évader. A l'exception des jeux de stratégie, j'arrive à m'amuser sur tout ce qui se passe.
